À propos de moi

Il y a quelques années, alors que je travaillais dans un tout autre domaine, un événement de vie personnel est venu perturber mon équilibre de vie. Mon fils, qui était alors âgé de 3 ans, a reçu un diagnostic de leucémie myéloïde aigue. Après le choc de l'annonce de cette maladie, une force surhumaine s'est emparée de moi et j'ai trouvé en moi des ressources insoupçonnées pour affronter cet univers, qui me semblait complètement irréaliste.

Bien que je me sentisse impuissante et transportée dans un monde médical si complexe, je souhaitais faire en sorte que cette longue hospitalisation, loin de chez nous, soit la plus douce possible. Je souhaitais ardemment que mon fils puisse continuer à vivre, malgré sa condition de santé précaire. J'ai alors fait appel à toute ma créativité pour organiser des activités qui respectent les règles sanitaires du département d'onco-hématologie. Si vous croyez que je me suis oubliée dans tout ça, vous faites erreur. J'ai pris soin de moi, plus que jamais. Je me suis divertis, j'ai consulté, j'ai fait du sport, j'ai tenté de bien m'alimenter... J'ai placé ma vie entre les mains de l'univers et j'ai lâché prise sur l'issue de cette maladie. De toute façon, j'avais seulement du contrôle sur certaines choses. Je me suis donc permise d'être heureuse et de rayonner, malgré la peur de perdre mon enfant, malgré les inquiétudes quotidiennes et les complications.

Cette attitude envers moi, cette douceur que je me suis donnée, m'a permis d'être pleinement présente pour mon enfant, qui avait besoin de moi plus que jamais. Il est évident que j'ai eu des failles, que mes jambes ont parfois lâché, que mes larmes ont coulé, que j'ai eu des moments de panique, car je suis humaine.

Je crois que lorsqu'on vit des épreuves difficiles, nous avons le devoir de nous donner la permission d'être humain(e), d'accepter que la situation ne soit pas telle que nous l'avions envisagé. J'écoutais la radio cette semaine et j'entendais une femme qui s'était éloignée de son conjoint, car elle avait honte d'être en dépression et elle avait peur de le décevoir. Sachez que les gens qui vous aiment vous supporteront dans l'épreuve et que la clé de la guérison, c'est d'oser exprimer notre vulnérabilité et de cesser de tenter d'être des super-héros dans toutes les sphères de notre vie.

Des outils

Je comprends que ce n'est pas évident, lorsqu'on fait face à une grande détresse, de voir que derrière cette souffrance, un monde extérieur existe encore. On peut avoir le sentiment que tout le monde poursuit sa vie et qu'on est seul(e) à affronter notre douleur. Il arrive aussi que nous perdions des personnes qui étaient près de nous, car ils ne trouvent pas les mots pour nous apaiser. On peut aussi être tellement envahi par les rendez-vous médicaux, les soins, les démarches administratives, qu'on ne voit clairement pas comment on ferait pour prendre le temps de consulter ou encore de prendre soin de nous. Certes, chaque situation est différente, mais chose certaine, la vie n'est plus la même pour personne lorsqu'on vit l'annonce d'un diagnostic pour nous ou un proche, le décès d'un être cher, que nos enfants ont quitté le nid familial, que notre conjoint nous a quitté, etc. Certaines personnes parviendront par elle-même à surmonter ces épreuves, mais d'autres auront besoin de se faire accompagner, de leur rappeler leur valeur, de les aider à diminuer leur culpabilité, leur sentiment de ne pas en avoir fait assez ou tout autre sentiment qui empêche d'accéder de nouveau au bonheur.